Par Jean Lepage
C’est bien connu! L’entrepreneur teint son entreprise de sa personnalité, de ses croyances, de ses habiletés et de son expérience. Au cours du développement de son organisation, il franchira cependant trois âges; la dépendance,l’indépendance et l’interdépendance.
L’âge de la dépendance apparaît dès le premier projet d’affaires. Le nouvel entrepreneur prend conscience du métier et de son rôle dans son projet. Il n’a pas encore toute l’information nécessaire pour prendre des décisions éclairées. Il se met en quête d’information et tente de réunir les précieuses ressources dont il a besoin pour démarrer.
Lorsqu’il démarre quelque chose de nouveau et qu’il est confronté à un haut niveau d’incertitude, il devient particulièrement ouvert aux conseils des autres, surtout ceux provenant de ses pairs ou de ses clients potentiels. Il a besoin de se faire confirmer qu’il est sur la bonne voie, si son approche est bonne, ou encore, s’il a déniché la bonne opportunité.
Il se fie beaucoup aux idées, aux commentaires et aux conseils qui proviennent de personnes influentes, enthousiastes, et de confiance pourvu qu’ils aillent dans le sens de son idée. Il faut se rappeler qu’à cette étape, il est souvent sous l’influence de nombreux biais cognitifs. Il y a un important écart entre ses perceptions et la réalité. L’analyse de l’opportunité n’est souvent pas réaliste. Il est souvent très difficile de le ramener sur terre.
Puis, vient l’âge de l’indépendance. Plus rien ne semble ébranler ses convictions. Il vit une lune de miel croyant qu’il maîtrise parfaitement sa destinée. L’entrepreneur ne fonctionne plus en fonction des personnes qui l’ont aidé à ses débuts. Ayant assimilé son rôle, il fonctionne en centre de profit. Ses actions sont conditionnées par ses clients.
Cette apparence de confiance cache souvent une grande vulnérabilité. À ce stade, l’entrepreneur aura un succès très limité. Le désir de tout contrôler, plutôt que d’apprendre à déléguer, le prive de la collaboration des autres et de leurs forces.
Tôt ou tard, il sera confronté à des problèmes plus sérieux. Les clients ne sont pas au rendez-vous. La compétition plus vive que prévu. Ses habiletés de gestion défaillantes sur le plan de la vente et du marketing. Les produits ne sont pas toujours à la hauteur des attentes des clients. Si le décalage entre ses perceptions de son environnement et la réalité est trop grand, il lui sera impossible de réajuster le tir et son entreprise disparaîtra.
S’il survit à ces problèmes, il atteindra peut-être l’âge de raison; c’est-à-dire, celle de l’interdépendance. L’entrepreneur dit: «Toi et moi, nous pouvons accomplir ensemble beaucoup plus que si je suis seul”.
Ceux qui atteignent la phase d’interdépendance sont devenus par la force des choses, des entrepreneurs accomplis. La majorité des entrepreneurs que j’ai rencontrés et ayant atteint l’âge de l’interdépendance, font partie de réseaux à forte valeur ajoutée. Sans ces aides, plusieurs déclarent qu’ils n’auraient pu se rendre aussi loin avec leur entreprise.
