Les startups: faut-il les aider?

Par Jean Lepage

Est-ce que l’aide aux startups constitue une bonne stratégie de développement économique? Oui et non.

Selon une étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), 44 % des startups qui ont reçu du capital de risque ont été vendues à des intérêts étrangers, principalement des Américains, et 34 % ont été cédées à des acheteurs canadiens. Dans seulement 13 %, des cas, les startups, sont demeurées indépendantes, ont fait leur entrée en Bourse. Les chercheurs ont ensuite examiné de plus près 14 PME technologiques québécoises qui ont été vendues à des entreprises étrangères. Aujourd’hui, six d’entre elles n’ont plus aucune activité au Québec. On remarque aussi que le taux d’échec des startups est très élevé. Certains experts mentionnent un taux d’échec de 90 %. Selon un VC, sur 10 investissement qu’il fait, 6 deviendront une perte, 3 investissements seront récupérés en revendant la propriété intellectuelle et un seul connaitra le succès.

Qu’est-ce qu’on fait avec les startups?

Les startups sont plus vulnérables à cause de leurs moyens financiers limités, leurs produits mal définis et l’incertitude générale à laquelle elles sont confrontées.

Les données sur le développement de l’entrepreneuriat en Israël, en Inde, à Boulder, à Boston et dans la Silicon Valley démontrent que les écosystèmes propices aux startups se développent dans l’ombre de grandes entreprises. À Boulder, au Colorado, la firme IBM et les laboratoires de la NORAD constituaient ce moteur du développement. En Israël, la Startup Nation existe parce qu’il y avait au préalable les firmes Tadiran et Israeli Aircraft Industries. À Boston, Raytheon, Mitre et Lincoln Labs, trois leaders techno, ont induit le développement des startups. En Inde, la fermeture d’IBM a joué un rôle de majeur dans l’émergence de nouvelles entreprises de sous-traitance des processus d’affaires.

Ce qui veut dire que la création de startups n’est pas initiée par elle-même ou ni stimulée par la mise en place de programmes publics. Elle est plutôt induite par la présence au préalable de grandes entreprises de classe mondiale et des laboratoires de recherche de pointes.

Est-ce qu’en supportant davantage les startups, nous favorisons la création d’emplois? Non. Comme l’affirme Scott Shane qui est auteur de plusieurs livres sur l’entrepreneuriat et l’innovation, il n’y a pas de preuves que la création de nouvelles entreprises est à l’origine de la croissance économique. Les emplois de qualités sont créés lorsque les entreprises deviennent en croissance, mais rarement lorsqu’elles démarrent.

Les startups demeurent cependant essentielles à la vitalité de l’économie régionale. Mais dans une perspective de développement économique, elles ne pourront prospérer que s’il y a plus d’entreprises qui franchissent la phase de l’hypercroissance ou si elles sont maillées avec de grands acheteurs à recherchent des solutions innovantes, comme le propose les programmes BiG Up for Startups et IDEAS

Développer un écosystème entrepreneurial qui favorise l’hypercoissance aura beaucoup plus d’impact en développement économique.

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