Par Jean Lepage
Les entreprises en hypercroissance ou les «scale-ups», sont des atouts pour le développement des régions. Il faut les susciter… et en prendre soin! Qualifiées par certains de gazelles, les «scale-ups» connaissent des taux de croissance hors du commun. Une entreprise devient une «scale-up» lorsque son taux de croissance annuel dépasse les 20% sur une période d’au moins trois ans.
Les «scale-ups» sont les moteurs de la création d’emplois, de la productivité et de l’innovation. Leurs réussites percolent sur la productivité et l’innovation des régions et des industries. Des recherches soulignent que les entreprises qui opèrent dans des industries où l’on retrouve forte concentration de «scale-ups», ont des niveaux de productivité plus élevés.
Une stratégie de développement économique qui supporte le développement des «scale-ups», peut avoir des retombées socioéconomiques, à court et à long terme, beaucoup plus élevées que toutes autres stratégies basées sur la création, l’attraction ou la rétention des entreprises.
Elles sont néanmoins plus complexes que les autres types d’entreprises. Nous commençons à peine à mieux comprendre ce phénomène.
Qu’est-ce qu’un «scale-up»?
Généralement, une «scale-up» est une entreprise qui a complété avec succès sa phase de startup. Son modèle d’affaires est construit afin de changer d’échelle. Elle peut reproduire à plus grande échelle, l’impact qu’elle a été capable de générer à plus petite échelle. La croissance générée par ce changement d’échelle maximise sa valeur économique et sa création de richesse.
La différence la plus marquante entre une entreprise en croissance et une «scale-up» est que le changement d’échelle de cette dernière lui permet d’augmenter ses revenus, sans impliquer une augmentation significative des coûts.
À titre d’exemple, la boulangerie Première Moisson a un modèle d’affaires qui peut changer d’échelle. Alors qu’une boulangerie artisanale ne l’a pas. Première Moisson peut multiplier à l’infinie ses points de vente et bénéficier d’économie d’échelle par la construction d’usines à productivité élevée. La croissance de la boulangerie artisanale, quant à elle, est limitée par sa capacité de production, son mode de fabrication et la réputation de son propriétaire.
Une entreprise entre dans la phase de «scale-up» lorsque son principal défi n’est plus de rechercher un modèle d’affaires viable, mais de l’exécuter à plus large échelle pour mieux rejoindre son marché.
En termes d’impact économique, cela ne fait aucune différence si l’entreprise est vieille ou jeune, de première ou de troisième génération, innovatrice ou conventionnelle, ou qu’elle est constituée de fonds de capitaux de risque ou de capitaux propres. Avant tout, pour être qualifiée de «scale-up», l’entreprise doit entrer dans un cycle de croissance relativement rapide.
Comment reconnaitre une «scale-up» en devenir?
Plus une entreprise croît, plus elle génère de la complexité. Bien des entrepreneurs préfèrent rester petits afin de garder sa gestion à petite échelle. L’ambition de croitre des entrepreneurs constitue le premier indice pour reconnaitre une «scale-up» en devenir. Voici six critères pour vous aider à trouver ces perles rares :
1- L’entreprise doit avoir suffisamment de ventes pour démontrer que le produit/service répond à un besoin du marché et que son modèle d’affaires est validé.
2- L’entreprise doit avoir au moins 5 emplois à temps plein afin de dégager les dirigeants des opérations courantes pour s’occuper de la croissance.
3- Les dirigeants doivent démontrer de l’ambition de croitre et de développer les marchés. Trop souvent, les dirigeants sont en amour avec leurs produits, mais pas assez avec leurs clients. Le développement de marché constitue une priorité.
4- L’entreprise doit être orientée vers les profits afin de dégager des marges de manœuvre financières suffisantes pour supporter la croissance.
5- Le modèle d’affaires doit permettre de changer d’échelle.
6- Les dirigeants doivent être disposés à développer leur capacité d’exécution en investissant dans la formation, des services-conseils, du coaching ou du mentorat (Shopify est la première scale-up à intégrer le coaching dans sa stratégie de développement)
Comment aider une «scale-up» à prendre son envol?
L’hypercroissance peut survenir partout, peu importe le secteur ou la région. La vraie croissance se fait généralement en plusieurs petites étapes plus ou moins longues. Environ 20 % des entreprises ont la capacité d’augmenter significativement leur taux de croissance. Mais, il est très difficile de prévoir quelle entreprise connaitra une croissance et quand cette croissance surviendra.
Étant donné que la croissance est dans une grande mesure une récompense en soi, les incitatifs directs (allègements fiscaux, crédits providentiels, garanties de prêts aux petites entreprises) sont à la fois coûteux et en fait, viennent souvent pervertir les résultats. Les « incitatifs indirects » (valorisation des succès locaux, formation de pointe, activités de réseautage…) ont beaucoup plus d’impact. La recette pour connaitre une croissance est relativement simple (mais n’est pas facile à exécuter). Voici trois façons d’aider :
1- La meilleure façon de supporter les entreprises consiste à aider à avoir des gains rapides au niveau de l’acquisition de clients, de l’augmentation des capacités organisationnelles et de la gestion efficace des liquidités. On peut y parvenir par de l’accompagnement, de la formation, des programmes d’élite comme ceux de l’École d’Entrepreneurship du Québec (EEB) et le maillage interentreprises ou avec des ressources spécialisées.
2- Le succès amène le succès. Communiquer à la communauté d’affaires les succès de croissance des entreprises locales permet de créer un effet d’entrainement et un environnement qui parle de croissance;
3- Engager les membres de l’écosystème dans le but d’investir ensemble plus de ressources afin de soutenir entreprises à potentiel de croissance. Cet écosystème pourra servir plus tard à supporter aussi les start-ups.
Pour plus d’information, consultez mes articles:
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