Par Jean Lepage
Pour assurer un retour sur investissement le plus rapidement possible, les start-ups industrielles doivent jongler avec de multiples enjeux. « Le véritable défi consiste à simultanément mener des activités de recherche et développement, construire ses premiers prototypes et élaborer un processus industriel capable de produire en grande quantité.
Tout comme l’histoire de Taïga Motors dans mon blogue précédent qui a des difficultés financières, les start-ups industrielles n’ont souvent ni référence, ni modèle à suivre. Tout doit être inventé à partir de zéro. Plusieurs font appel à des experts, tels un fournisseur stratégique, le CRIQ ou un CCTT. Je rappelle qu’aucune concession ne doit être faite sur la qualité du produit pour faciliter la production.
Accent sur la mise à l’échelle
Inversement, la plupart des entreprises tiennent compte des contraintes industrielles dès la phase de conception. Parce que passer du prototype, ou de la production artisanale, à la production à grande échelle, n’est pas une mince tâche.
Il faut penser à la fois au produit et à son déploiement rapide. Pour concentrer sur la mise à l’échelle, on doit chaque jour se demander si ce que vous faites est la bonne chose. Si c’est viable lorsque vous aurez besoin de multiplier par 100 le volume de production.
Lorsqu’on passe du prototypage, à la phase de préindustrialisation, puis à la phase de présérie, chaque phase nécessite 10 X plus d’investissement.
Quelque 70% des coûts d’un produit sont déterminés au cours de sa phase de conception initiale. Toute erreur de conception peut en fin de compte s’avérer très coûteuse lorsque la production est lancée.
Question de bien s’entourer, une start-up industrielle qui construit sa chaîne de production devrait aller chercher de l’expertise très terrain, auprès d’un ancien a bénéficié de l’expertise d’un ancien directeur industriel, d’un chef d’entreprise ou un consultant qui travaillera main dans la main avec elle. Certaines firmes ont développé une excellente expertise dans la création de prototypes, les tests de produits et la rédaction des spécifications de production.
Enfin, il ne faut surtout pas négliger les fournisseurs d’équipement de production qui peuvent faciliter le transfert des connaissances, comme ce fut le cas avec l’entreprise Cuisi-n-art, qui est allé jusqu’en Allemagne pour apprendre le fonctionnement d’une ligne de production construite par son fournisseur. Toutes ces façons constituent une opportunité qui peut vous faire gagner dix ans !
Partenariats industriels
Les grandes entreprises ne restent pas en marge. Des entreprises comme Cascades, Agropur et Premier Tech ont mis en place des programmes d’accélération de start-up spécialisées dans leur secteur d’affaires. C’est un partenariat gagnant-gagnant puisque la grande entreprise, en quête de solutions, fournit en retour, des capitaux, des expertises, des installations et un réseau de contacts.
Et puis il y a les regroupements sectoriels de recherche industrielle:
Le Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ) qui a pour mission de soutenir la réalisation de projets industriels innovants dans les filières industrielles de l’économie biosourcée.
PRIMA Québec qui est le pôle de recherche et d’innovation en matériaux avancés.
Le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) qui a pour but d’accroître la compétitivité de l’industrie aérospatiale.
InnovÉÉ qui vise à propulser le Québec au rang de chef de file mondial dans les secteurs de l’énergie et des transports électriques et intelligents.
Le CQRDA qui soutient les entreprises et centres de recherche qui génèrent des innovations par et pour l’utilisation de l’aluminium.
MEDTEQ+ qui a pour mission d’accélérer le développement de solutions innovantes, leur validation et leur intégration dans les réseaux de la santé.
Prompt qui développe et finance des partenariats de recherche et d’innovation dans tous les secteurs des technologies de l’information et des communications (TIC), du numérique, de l’intelligence artificielle et de la microélectronique.
Le CQDM qui a pour mission de soutenir et de faciliter la R&D collaborative multipartite visant à accélérer la transformation des découvertes de pointe en vaccins, en produits thérapeutiques et en diagnostics.
Enfin, le CRITM qui a pour mission d’accroître la compétitivité des entreprises en transformation métallique par le soutien à l’innovation.
Deux dernières pistes à explorer
Les concours d’innovation
Depuis quelques années, de nombreux appels à projets destinés aux entrepreneurs fleurissent sur la toile. En complément du financement, participer à ces concours peut être également un très bon levier pour se faire connaître et gagner en visibilité ! En voici deux:
Un réseau de 2 400 professionnels de l’innovation technologique et sociale, partout au Québec. D’ailleurs, une startup industrielle que j’accompagnais a fait affaire avec deux CCTT pour développer ses prototypes et concevoir le plan de son usine pilote.
