Économie du Beignet : Une Nouvelle Approche Entrepreneuriale

par Jean Lepage

Le concept d’entrepreneuriat du beignet (Doughnut economics) offre une approche novatrice pour un développement plus regénératif et distributif afin de changer l’avenir. 

Concevoir des produits et de services plus durables et inclusifs est facile. Bien qu’il soit aisé d’adopter des pratiques telles que la chaîne d’approvisionnement durable, l’écoconception, la promotion de l’économie circulaire et la sensibilisation à la consommation responsable, l’impact réel sur la société émerge lorsque l’entreprise adopte une approche régénérative et distributive, modifiant ainsi son ADN organisationnel.

Le terme «doughnut entrepreneurship» fait référence à un modèle global qui prend en considération les impacts environnementaux et sociaux, tant directs qu’indirects. Il s’inspire de «l’économie du doughnut», une théorie développée par l’économiste britannique Kate Raworth, visant à satisfaire les besoins de tous les citoyens tout en préservant la santé de la planète. Le beignet symbolise un équilibre entre un «plancher social» garantissant une vie digne et dépourvue de précarité, et un «plafond écologique» définissant les limites planétaires à ne pas dépasser.

Illustration: Mycelium

À l’intérieur de ce beignet, les entreprises sont encouragées à adopter des pratiques régénératives et distributives. Au-delà de l’évaluation des activités, l’approche du beignet se concentre sur le «deep design» de l’entreprise, inspirée des travaux de Marjorie Kelly. Ce «deep design» conditionne l’adoption de pratiques essentielles pour opérer dans l’espace juste et sûr du beignet.

Les entrepreneurs sont invités à se questionner sur cinq niveaux pour façonner le « deep design » de leur entreprise. 

  • L’objectif ou la mission de l’entreprise  doit mettre les enjeux sociaux et environnementaux sur un pied d’égalité avec les enjeux financiers. Si l’objectif d’impact positif n’apparaît pas clairement au sein de la mission d’entreprise, il peut rapidement être mis au second plan en faveur des objectifs financiers.
  • Les partenariats transparents, basés sur la confiance et la collaboration à long terme, sont favorisés pour renforcer la résilience de l’entreprise. À travers ses réseaux, comment l’entreprise peut favoriser des partenariats qui prônent la transparence, la relation de confiance et la collaboration à long terme nécessaire pour gagner en résilience ?
  • La gouvernance doit équilibrer les enjeux sociaux et environnementaux face aux exigences financières, en accordant une voix aux parties prenantes essentielles. Comment la gouvernance permet-elle de faire les bons compromis entre les enjeux sociaux et environnementaux face aux exigences financières ? Qui a voix au chapitre et comment les décisions sont-elles prises ? Donner une place à la nature, aux employés ou à toutes autres parties prenantes importantes pour l’entreprise sont des pratiques recommandées par le modèle du beignet.
  • La finance doit être alignée sur la mission de l’entreprise, facilitant les réinvestissements nécessaires à la transition durable. Comment la finance peut être au service de la mission et réinvestie dans les innovations nécessaires à la transition ? Beaucoup d’entreprises témoignent vouloir développer des solutions durables, mais se heurtent à l’exigence de devoir générer des rendements élevés à court terme. De telles exigences ont tendance à freiner l’avènement de ces solutions (qui existent pourtant bien).
  • Enfin, la propriété de l’entreprise doit être examinée, en évaluant les exigences financières imposées par les propriétaires. Quelle est la propriété de l’entreprise ? Quelles sont les exigences financières imposées par les propriétaires ? La maximisation de dividendes à court terme empêche souvent l’entreprise à canaliser ses investissements dans des innovations à moindre rendement à court terme,mais à hauts bénéfices (au sens large) sur le long terme.

En résumé, l’économie du beignet propose un changement de discours en entrepreneuriat, remettant en question le modèle «business-as-usual». L’objectif principal est de faire du «deep design» un levier pour amplifier les impacts positifs de l’entreprise. Deux exemples d’entreprises ayant utilisé cette approche illustrent comment le «deep design» peut conduire à une régénération et une distribution plus significatives.

Raison d’être – Houdini

Houdini est une marque de vêtements de sport basée en Suède qui démontre sa vraie nature en ouvrant l’utilisation de ses conceptions de produits et ses innovations textiles à ses pairs de l’industrie.

En rendant ses designs «open source», Houdini s’oppose à la tendance agressive à protéger à tout prix la propriété intellectuelle. Elle pousse plutôt le concept de textile circulaire afin de mieux collaborer et de mieux transformer la société.

Son slogan « Faites le bien, jouez dur, repoussez les limites et amusez-vous ». 

Réseaux – Dr Bronner’s 

Dr. Bronner’s a été fondé en 1948 par Emanuel Bronner, issu d’une famille allemande de confession juive, fabricants de savons de père en fils depuis trois générations. 

Dr Bronner’s démontre des efforts exceptionnels pour forger des partenariats sur plusieurs décennies avec des communautés de producteurs autour du monde, selon les principes du commerce équitable. L’entreprise est membre de B Corp. Allez voir sur leur site WEB, tout est là. Les actions, les objectifs et la reddition de compte.

Son slogan : «Dans tous nos actes, soyons généreux, justes et respectueux envers la planète Terre et ses habitants»

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