Les start-ups industrielles : une voie d’avenir pour le Québec

Par Jean Lepage

Le Québec, comme de nombreuses économies modernes, fait face à un double défi : une baisse de la productivité et un recul de l’innovation dans le secteur manufacturier. Parallèlement, la menace de nouveaux tarifs douaniers, notamment sous la présidence Trump, souligne l’importance de renforcer la souveraineté économique de la province. Dans ce contexte, les start-ups industrielles s’imposent comme une solution audacieuse et prometteuse pour l’avenir.

Qu’est-ce qu’une start-up industrielle ?

Contrairement aux start-ups numériques, les start-ups industrielles développent et produisent des biens matériels innovants — dans des secteurs tels que la bioéconomie, l’électrification des transports, les matériaux durables, et bien plus encore. Elles allient savoir-faire manufacturier et innovation technologique, offrant ainsi une réponse concrète aux besoins du marché et aux ambitions écologiques du Québec.

Une start-up industrielle se distingue par sa capacité à transformer une innovation en un produit tangible, fabriqué à grande échelle. Contrairement aux start-ups numériques, elles nécessitent des investissements plus importants pour la conception de prototypes, la mise en place de démonstrateurs industriels et la construction des premières usines.

Bien qu’elles soient encore peu connues, elles existent bel et bien. J’en ai répertorié plus d’une centaine jusqu’à présent. Par exemple, Electro Carbon, située à Saint-Mathieu-de-Beloeil, a mis au point un électrolyseur novateur pour produire un liquide de dégivrage « vert ». Les start-ups industrielles incarnent véritablement l’avenir industriel du Québec.


Un modèle inspiré de la France

La France a récemment adopté le modèle des start-ups industrielles, constatant plusieurs réalités qui résonnent fortement avec le contexte québécois :

  • Dépendance aux importations : Une production locale plus forte réduit la vulnérabilité face aux crises économiques et commerciales.
  • Manque de financement adapté : Les start-ups industrielles nécessitent des investissements majeurs pour passer de la recherche et développement (R&D) au prototypage, puis à l’industrialisation.
  • Transition écologique et impact social : Encourager une production industrielle durable contribue à la lutte contre les changements climatiques et réduit les inégalités sociales.

Pour répondre à ces enjeux, la France a mis en place un cadre structuré comprenant :

  • Le fonds SPI, qui finance les premières usines ;
  • Des appels à projets ciblés pour soutenir les démonstrateurs industriels ;
  • Le French Fab 40, qui met en valeur les start-ups prometteuses.

Comment bâtir un écosystème québécois pour les start-ups industrielles ?

Le Québec dispose déjà de bases solides pour soutenir ses jeunes pousses industrielles, mais il est temps d’aller plus loin. Voici trois pistes concrètes :

1. Créer un Fonds québécois pour l’industrialisation des start-ups

  • Inspiré du modèle du fonds SPI français, ce fonds soutiendrait le financement des démonstrateurs industriels (5 à 30 M$) et la construction de premières usines (20 à 150 M$).
  • Il pourrait être géré par Investissement Québec et financé par des investissements publics et privés.

2. Structurer un parcours d’accompagnement spécialisé

  • L’écosystème québécois n’est pas encore structuré pour accompagner les start-ups industrielles. Il pourrait être pertinent de modifier le mandat d’organismes existants ou d’en créer de nouveaux.
  • Objectif : Identifier chaque année 300 à 400 projets potentiels dès la phase de R&D, accompagner 100 start-upsdans leur projet d’industrialisation et créer un programme équivalent au French Fab 40 pour promouvoir les start-ups industrielles prometteuses.

3. Faciliter l’accès aux infrastructures et au foncier industriel

  • Mettre en place des sites industriels clés en main où les start-ups peuvent rapidement installer leurs premières lignes de production.
  • Simplifier les démarches administratives et accélérer l’accès aux terrains industriels.
  • Créer des zones d’expérimentation réglementaires, ou « bacs à sable » réglementaires, permettant aux start-ups de tester leurs innovations dans un cadre assoupli et d’obtenir plus facilement des certifications.

Un levier pour la réindustrialisation du Québec

Investir dans les start-ups industrielles, c’est plus qu’une stratégie économique : c’est un véritable projet de société. Ces entreprises innovantes ne se contentent pas de créer des produits ; elles génèrent des emplois locaux qualifiés, dynamisent les régions manufacturières et participent activement à la transition écologique.

Alors que le Québec cherche à renforcer sa souveraineté économique et à raviver son dynamisme industriel, il est temps d’adopter cette nouvelle génération d’entrepreneurs industriels.

Et vous, êtes-vous prêt à faire partie de cette révolution industrielle québécoise ?


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À propos de moi

Je ne suis ni économiste, ni lobbyiste, ni membre d’un groupe d’intérêt. Je suis développeur économique depuis 40 ans. J’apporte une vision neutre, indépendante et ancrée sur le terrain du développement économique. Je suis également auteur et blogueur, engagé dans plusieurs « think tanks » sur l’entrepreneuriat.

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